DECLARATION du Club Union Africaine Côte d’Ivoire
LA SITUATION DES FEMMES EN COTE D’IVOIRE
Banjul, le 30 avril 2011
Mme la présidente de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples
Distingués participants en vos grades et rangs respectifs
Au nom du Club Union Africaine Côte d’Ivoire et de tous ses membres, nous voudrions féliciter la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des peuples pour tout le travail effectué en vue d’une avancée notable des droits humains sur notre Continent.
Nous tenons à féliciter Mme la Présidente Reine Alapini Gansou pour sa nomination au sein de la Commission d’enquête des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire.
Mme la Présidente, notre pays, la Côte d’ivoire a vécu depuis le 28 novembre 2010, une grave crise post électorale
Cela malgré, les différentes médiations de l’Union Africaine et du Panel des Chefs d’Etat qui demandaient à Mr Gbagbo de céder pacifiquement le Pouvoir à Mr Ouattara, le Président élu.
Cette crise a connu son dénouement le 11 avril 2011 , date de l’assaut final donné par les Forces Pro Ouattara pour déloger le Président sortant qui refusait de reconnaitre les résultats des urnes proclamés par la Commission Electorale Indépendante , certifiés par les Nations Unies et vérifié par le Panel des Chefs d’Etat de l’Union Africaine .
La crise ivoirienne été marquée par des violations graves des droits de l’Homme par toutes les parties belligérantes (Plus de 1000 morts, des centaines de disparus, plus de 1 000 000 de déplacés).
Mme la Présidente, les femmes ivoiriennes qui représentent plus de 50{08119e3ab76bdac5a2947aff5446061b893d64a89871f742c0e880423bb07fe4} de la population ivoirienne ont participé activement au processus électorale et se sont illustrées lors de la phase postélectorale à travers la sensibilisation, le lobbying, le plaidoyer aussi bien en Côte d’Ivoire qu’à l’Union Africaine afin de témoigner du drame quotidien vécu par leurs consœurs.
Nous voudrions rappeler que la situation post électorale en Côte d’Ivoire est la conjugaison de 03 facteurs :
- Des institutions faibles et politisées dont le Conseil constitutionnel
- Une armée non républicaine et fortement ethnicisée
- Une télévision nationale non professionnelle qui a servi à longueur de journées la haine, l’intolérance et la division à la population ivoirienne en attisant les problemes identitaires.
- Une presse écrite fortement politisée et subjective.
Si le Conseil constitutionnel a essayé de donner une justification juridique à l’usurpation du pouvoir par Mr Gbagbo, l’armée lui a donné tous les moyens pour la violence et la répression systématique des manifestants et des défenseurs des droits humains qui revendiquaient le respect des résultats issus des urnes.
Tandis que la Télévision et la Radio Nationale ont construit progressivement dans la conscience du peuple ivoirien l’idée de l’affrontement entre les populations faisant ainsi le lit à la violence civile en Côte d’Ivoire tout en aggravant la fracture sociale.
Madame la Présidente, les femmes ivoiriennes ont vécu durement cette situation post électorale qui a été marquée par la violence et la répression systématique par des Forces pro Gbagbo. Elles ont été les plus grandes victimes de la crise à travers les assassinats, les pillages systématiques, les viols, les déplacements massifs, les menaces et le traumatisme psychologique vécu.
En témoigne l’assassinat, le 03 mars 2011 des 07 femmes ivoiriennes à Abobo au Nord de la Ville d’Abidjan lors d’une marche pacifique pour le respect du résultat des urnes.
Aussi, dès le lancement de l’offensive pour déloger le Président sortant Laurent Gbagbo, les Forces Pro Ouattara, les FRCI ont été responsables de graves violations des droits humains et en particulier des droits de la femme. Cela , à travers des assassinats à l’Ouest ( Duekoué ) et à Abidjan , les pillages de biens , vols , les viols et surtout la perquisition sans mandat des domiciles de populations sous prétexte de rechercher des armes .
Cela, a accru l’insécurité dans la ville d’Abidjan où les Forces de Police et de gendarmerie trainent encore les pas pour une reprise effective du service.
Madame la Présidente , aujourd’hui , les femmes de Côte d’Ivoire traumatisée par les graves conséquences humanitaires , sanitaires et sécuritaire de cette crise se posent encore des questions sur le respect de l’ article 11 relatif à la protection des femmes lors des conflits armés et de l’ article 9 relatif au droit à la participation aux processus politiques et de prise de décision . Des droits énoncés dans le protocole de l’Union Africaine sur les droits des femmes en Afrique.
Aujourd’hui, si la Côte d’Ivoire a besoin de paix et de réconciliation, nous souhaitons qu ‘avec l’appui de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples aucune violence faite aux femmes de Côte d’Ivoire ne soit passée sous silence et ne reste impunie quelque soit leur auteur.
A ce niveau de notre intervention, nous souhaitons faire à la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples les recommandations suivantes :
- La mise en place d’un plan d’urgence sur la reconstruction, le renforcement de la justice en Côte d’Ivoire
- l’appui conséquent à la commission vérité, justice et réconciliation
- s’impliquer dans le processus de reconciliation nationale
- la protection effective des defe,seurs des droits humains dans les pays en situation de crise
- l’aide juridique aux victimes qui sera assurée par les ONG de droits de l’homme que nous représentons à travers leur identification et la nécessité de leur accorder un procès équitable et une indemnisation
- Faire adopter une loi sur le quota pour une meilleure représentation politique des femmes dans les instances de prise de décision
- Donner une place réelle aux femmes africaines dans les processus de médiation et de réconciliation en Afrique en période de conflit conformément à la résolution 1325
- Le suivi de la situation politique en Côte d’Ivoire afin que la justice des vainqueurs ne puisse pas être l’occasion de fragiliser encore les vaincus qui ont aussi droit à une dignité et à un procès équitable. La Côte d’Ivoire sera jugée à l’aune de sa capacité d’utiliser son système judiciaire national pour juger tous les auteurs de crimes et de violation des droits humains
Nous sommes convaincus qu’aucune réconciliation vraie ne peut se faire sans justice.
Mme La Présidente, les femmes de Côte d’Ivoire, souhaitent dire Haut et Fort : PLUS JAMAIS ça !
Pour que les femmes africaines puissent vivre dans la dignité et la quiétude.